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Première approche
La ville lumière. Déjà cette lueur semble lointaine. L’oppression des géants de béton s’est faite oubliée pour laisser place à un nouveau lieu, un nouveau monde. La Place des Fêtes s’efface peu à peu de nos esprits, préoccupés dorénavant par un nouvel espace. Notre retour dans la ville de Bordeaux n’est qu’une continuation de la tâche qui nous a été confiée : réaliser un plan lumière.
Dans le sillage de la place Calixte Camelle, comme un reflet de l’atmosphère de notre lieu parisien, le phare pyramidal a pourtant laissé place à une statue oubliée et les tours d’habitation se matérialisent ici par des regards insistants. Cet endroit, d’apparence similaire à la Place des Fêtes, fait peser un calme assourdissant seulement interrompu par l’écho lointain de la circulation. Comme cachées derrière les arbres bordant ce site, de vieilles échoppes, noircies par l’usure et le temps, demeurent tels des spectateurs immobiles. Les stores à moitié tirés, l’angoisse peut nous gagner face à cette impression d’être observé. Tous ces vieux bâtiments semblent alors habités par une flamme intérieure : l’âme des tours de Paris qui nous aurait suivie sur le chemin du retour. Malgré le couvert des feuillages, les spots, braqués sur les promeneur solitaire, irradient le centre de la place. La statue paraît se dresser piteusement sous les rayons inquisiteurs. Elle ne lutte plus pour sa fierté d’antan et laisse les déchets jetés à ses pieds l’atteindre. Nul besoin dans ce cas de résister aux courants quotidiens qui aspirent les individus. La circulation suit une trame régulière qui épouse la forme carrée de la place, derrière des zones de stationnement qui rongent peu à peu l’espace public.
Ne serait-il pas plus agréable de déambuler sans ces encombrements ? Le manège incessant des voitures devrait laisser place à la flânerie des piétonniers. Ces derniers apprécieraient sûrement un lieu plus sécuritaire pour leurs enfants. L’aire de jeu pourrait devenir un espace de rassemblement après l’école. Les parents pourraient facilement se prendre d’affection pour cet endroit où seulement les rires innocents viendraient troubler le calme ambiant. Les plus anciennes générations se retrouveraient autour d’une partie de pétanque rythmée par des conversations animées. Face à cette convivialité nettement visible, l’envie irrépressible de revenir sur ce site s’insinuerait en nous.
Nous nous prenons alors à rêver de l’absence des stationnements sauvages et de promenades jumelles dont le coeur serait un endroit nouveau, lieu propice à une pause. La circulation modérée par des ralentisseurs n’entraverait plus la nouvelle ambiance sonore dont le calme serait la note dominante. Cette statue solitaire retrouverait son éclat d’autrefois, en écho à la pierre de nouveau éclatante des échoppes bordelaises. Le sol terni par le temps, pourrait être changé au profit d’un revêtement plus étincelant, miroir de la lumière diffuse s’échappant des lampadaires. Un chemin subtil de points lumineux guiderait les passants vers des bancs, sortes de promontoires pour apprécier cette nouvelle atmosphère.
Références
La lumière des étoiles