La place des Fêtes
Fulgurances !
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Rejetée des profondeurs du monstre métropolitain, la marée humaine se déverse sur la Place des Fêtes. Notre regard a suivi la courbe de cet endroit singulier avant de se poser sur un abri élancé. Sa couverture d’acier nous a paru être un promontoire adapté pour s’imprégner de l’ambiance particulière du lieu. Autour de l’ellipse, les yeux luisants des tours d’habitation épient les corps emportés par les courants citadins. Sous la lumière tamisée par les minces tilleuls, suivant l’éclat des spots de la galerie, ces travailleurs, parents, ou encore étudiants semblent aspirés vers leurs devoirs journaliers. Pourtant, peu d’entre eux n’ose entrer dans l’arène illuminée par le phare pyramidal au centre. Celui-ci surmonte une estrade qui reflète sa lueur argentée et renvoie le spectre des géants de béton. Ces spectateurs immobiles tournent leurs regards indiscrets vers la place. Derrière nous, les lueurs de la ville miroitent à la surface de l’eau de la fontaine, plongeant notre vision vers l’obscurité du creux, où le liquide transparent roule comme à l’intérieur d’un cyclone. A proximité, le parc permet de s’oxygéner et de se dissimuler un instant sous son écrin arboré. A travers le feuillage des arbres, nous apercevront les lumières colorées d’un manège, fantôme d’une tentative d’animation pour inciter à la convivialité. Néanmoins, le corridor du marché hebdomadaire invite les habitants du quartier à investir les lieux le temps d’une matinée. Cet évènement se greffe aux deux axes principaux qui longent la place, alors que les autres accès s’effacent derrière les arbres ou dans la pénombre. Toutefois, la lueur verte de l’enseigne de la pharmacie, que le sol humide réfléchie, apporte une présence rassurante, en écho aux commerces qui ceinturent la place.
A la lueur de ces observations, un plan lumière s’esquisse lentement dans nos esprits. Rendre la Place des Fêtes plus chaleureuse serait une solution possible pour atténuer le sentiment d’être à découvert au pied des tours d’habitation. Les spots se substitueraient à une lumière plus douce, non agressive à la fois pour les habitants et pour les passants. Nous souhaitons estomper les courants dans les passages lumineux périphériques, pour polariser les passants vers le foyer central qu’est la pyramide. Les esprits occupés des individus prendraient ainsi conscience du lieu d’où émanerait une nouvelle vie. Ils ne seraient plus aspirés par la houle urbaine, mais prendraient le temps de s’arrêter sur cette aire bétonnée. Cette idée existe dans les têtes de jeunes investis dans le quartier afin d’éviter qu’il ne s’éteigne. Grâce à un micro trottoir, ils s’interrogent sur la manière de scénographier cet espace pour le rendre plus attractif. Cela passe par la qualité et l’aspect sécuritaire des accès, qui sont encore trop peu illuminés. Un halo rassurant nous guiderait vers la place comme des balises lumineuses. Pour répondre aux enjeux économiques et écologiques de la société actuelle, la lumière artificielle s’effacerait au profit des premiers rayons solaires, pour suivre le rythme du coucher et du lever du soleil.
Par le biais de ce dispositif lumineux discret, la Place des Fêtes se transformerait en un endroit où le temps est suspendu, à l’abri des regards, lieu de pause avant de se laisser emporter par la vague citadine.